Je pousse souvent de la tri-x ou de la HP5 à 3200iso pour des photos de concert dans des conditions difficiles.
Autant je trouve le microphen merveilleux quand on pousse à 800, autant au delà je trouve le résultat décevant (en 135 il faut le dire). Certains en sont contents... j'ai entendu dire du bien du x-tol aussi. Préférer l'usage de solution stock.
Je privilégie les développements en deux bains ou sans agitation avec du rodinal, qui permettent d'exploiter au mieux la latitude d'exposition du film qui baisse de manière vertigineuse dès qu'on sous expose... les ombres sont vite bouchées (normal, on sous-expose et surdévelopper n'apportera pas l'info qui manque), par contre c'est sûr que ça sera pas fadasse
Excusez-moi si je commence à faire un peu la morale, mais de toute façon vouloir se lancer là dedans pour en mettre plein la vue aux pratiquants du numérique ne me semble pas une très bonne motivation. Il faut que ça corresponde à un rendu visé ou une contrainte que vous ne pouvez contourner (comme en photo de concert). Et puis de toute façon vu les sommes investies en recherche et développement pour le numérique, forcément du point de vue de la "qualité" (avec des grosses guillemets) "objective" (avec des guillemets encore plus grosses) le numérique finira par gagner, en résolution, en sensibilité, etc. Mais ce sont là des critères d'ingénieurs, et la photo c'est un art tout de même. L'acrylique n'a pas enterré la peinture à l'huile ou l'aquarelle, c'est juste différent... L'intérêt de l'argentique je le vois dans le rendu (par exemple je revends mes optiques pentax pour les remplacer par des hélios beaucoup moins chers mais dont je préfère le rendu...) et surtout la pratique, ce que je fais avec ma tête et mes mains quand je pratique l'argentique.
Si vous voulez avoir l'occasion de vous lamenter un peu plus voici une histoire (vraie). Il faut savoir qu'un film a un rendement autour de 20% (c'est à dire que seulement 20% de la lumière qui touche le film imprime ce film). A la fin des années 90 une équipe française dans un labo de Jussieu a trouvé le moyen d'obtenir un rendement de 100% et même de 200%, en dopant les émulsions. Agfa a été intéressé, et a même déposé des brevets conjointement avec le labo. Puis... plus rien. On sait où en est Agfa aujourd'hui. Cette technique n'est utilisée que dans des applications très particulières, du genre holographie. Pourtant on peut facilement imaginer la qualité des films-hyper-sensibles que l'on aurait pu obtenir avec cette technique...
Et bien tant pis. Je pousse mon film pour mes photos de concert, c'est dans des bars où seule une ampoule éclaire la scène, car j'écoute de la musique qui n'a pas beaucoup de succès non plus. Mes ombres sont bouchées, c'est noir, charbonneux... et ça retranscrit parfaitement l'ambiance sur scène. Que demander de plus ? Certainement pas ces images impersonnelles qui se ressemblent toutes que l'on peut voir sur tel ou tel site...
Quand on pratique l'argentique aujourd'hui, c'est parce qu'on n'est pas satisfait des images froides, dures (accentuation du piqué...), saturée et contrastées... j'aime la douceur, le grain, le charbonneux, j'aime ne pas faire 200 images par séances, j'aime attendre avant de sélection l'image qui méritera un tirage, bref j'aime les "défauts" de l'argentique. Et si ça fait rire la majorité qui est certaine de son jugement... j'aime à penser que la majorité avait la certitude que la terre était plate, fut un temps.