Un texte de Fred Tougas, qui permet de prendre du temps à réfléchir ...
" La pellicule 35mm, c’est tout ce qu’il faut pour retomber en amour. Je vous dis que nous nous sommes égarés. À trop vouloir progresser, nous en sommes arrivés à oublier la beauté dans sa forme la plus pure et authentique. Retournons au temps où megapixels, images par seconde et «erase» n’avaient aucune signification. Un cliché à la fois, exit les rafales et l’ère du «trigger happy». Et non, les images provenant d’une pellicule ne passeront pas sous le bistouri numérique pour tenter d’atteindre la perfection, car parfaites, elles le seront déjà, et ce, sans artifice. Chaque fois que le bouton de l’obturateur sera enfoncé, l’action aura préalablement été pesée, mesurée et aura procuré une montée d’émotions liée à la certitude et à l’incertitude. L’espoir du succès, la peur de l’échec. Le succès d’avoir su capter un moment et d’en avoir fait une image intemporelle, l’échec d’avoir laissé filer l’opportunité entre ses doigts, comme le peintre regrette un coup de pinceau raté.
Et parfois, l’instant de jubilation suprême surgira ; la certitude d’avoir en notre possession, gravée sur la pellicule, l’image parfaite, belle, authentique et qui bravera le temps.
L’intemporalité, c’est exactement là que la pellicule 35mm s’élève au-dessus de la toute dernière technologie. L’image, vraie, réelle, crue, munie de toutes ses saveurs naturelles.
L’exercice demandera plus de réflexion, de mesure, de recherche, de synchronisation, et j’en passe. Mais n’est-ce pas là toute la beauté de la chose? Je crois bien qu’on est de retour sur le droit chemin "
FRED TOUGAS